Ultra Trail du Mont Blanc 2007 | ![]() |
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L'UTMB est un
Ultra trail qui s'est déroulé du 24 au 26 Août 2007. L'enchaînement de cols compris entre 1700
et 2500 m, les deux nuits passées en montagne sans dormir, la distance importante font de
cette épreuve l'une des plus difficiles et sélectives au monde.
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Jeudi 23 Août : Départ de Lisieux :
Gaël est accueilli en robe de chambre par Hervé
à moins que ce ne soit Laurence
mais imaginer Hervé dans sa robe de chambre en pilou
Ouaah !
(« La magie opère » comme dirait Philippe) Après avoir récupéré
Philippe, lassemblée des « têtes de cons » a réuni le quorum et élit à lunanimité
Serge comme « tête de Turc ». Les bras séculiers
sabattent sur les lunettes de course et le téléphone portable : mais , Serge,
par un habile subterfuge parvient a déjouer le piège !
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![]() De gauche à droite : Gaël LEON, moi-même !, Hervé TAQUET, Philippe MOREAU : la même équipe que pour la 333 ! |
Lors dun
moment fort déchange philosophique, nous devisons sur la citation suivante : « Comme disait Néron en
portant la coupe à ses lèvres : cest bon mais cest chaud ! » La faim nous pousse à nous
arrêter dans un relais gastronomique : auto-daube ou quelque chose comme ça ! |
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Arrivée
à Chamonix vers 16 heures : le retrait des dossards se fait dans un hall où à lieu
le salon de la course-nature : la tension monte dun cran. Tout est super bien
organisé : Un petit tour dans le salon et
on tombe sur le stand 333 et Alain GESTIN. Grand débat sur le stand
GARMIN sur lutilité du foretrex 101 par rapport au modèle 305 avec cardio
intégré bi-bande à onde ultra courte et faisceaux luminescent à diode radioguidée.
. Mais p......, où on met les piles !!! |
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Départ pour
le gîte des aiguilles rouges : Hervé et Philippe sont accueillis par une banderole
mettant en évidence leurs sponsors : Manix, Ricard,
Au menu du
dîner concocté par Fabrice et pris avec Michel et Mauricette : 1ère nuit :
rien à signaler
. Si
Hervé pète en dormant, Serge ronfle
un
peu , Philippe fait PFFF avec sa bouche et Gaël se lève la nuit pour pisser. |
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Vendredi
24 Août : Lever 8h30 : bonne nuit
réparatrice. Préparation des sacs,
momification du corps : pieds, épaules, dos, genoux. Séance digne dun
institut de beauté : Rasage du dos poilu de Gaël par Serge (la magie opère comme
dirait
.). Celui-ci propose de lui faire le maillot
ce sera pour plus
tard. Repas du midi : pâtes +
lard Après-midi : repos dans
la chambre
la tension monte. |
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Départ
du gîte à 16h30 : gros stress !! Fabrice sait trouver les mots qui
motivent : « celui qui traîne, je lenc... !! » comme
« cest bon mais cest chaud », cette phrase nous maintiendra en
éveil tout au long de la course !! Arrivée dans le centre de
Chamonix : beaucoup de monde : traileurs, touristes, belettes aussitôt
repérées par Gaël : linstinct du prédateur. On se positionne dans une rue
donnant sur la place, il y a beaucoup de monde. |
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18h35 :
le départ est donné : grosse émotion, les poils se hérissent (Gaël regrettera à
ce moment davoir refusé lépilation du maillot). « Une ferveur
incroyable nous pousse vers ce défi incroyable qui nous attend et que lon espère
valider, bref la magie opère. » Philippe Moreau, chapitre III, verset 8. La traversée de Chamonix est
très émouvante. |
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19h30 :
Arrivée aux Houches, en courant non-stop depuis Chamonix : sur le parcours
nous croisons un coureur au sol : il est inconscient avec apparemment un trauma
crânien. Il y a du monde autour de lui,
ça calme : ceci nous rappelle que la
vigilance simpose en trail. Il y a beaucoup de coureur
autour de nous, il est difficile de prendre notre rythme. Un coureur vomi tout ce
quil peut sur le bord du chemin : sans possibilité de shydrater ni de
salimenter, il nira pas très loin La montée au col de Voza se
fait sous un coucher de soleil incroyable derrière les montagnes : « oulala,
ksé bô ! » Gaël, chapitre IX, verset 3. Une belle anamite se fait
dévorer par les fourmis : non, non, ce nest pas une hallu, cest bien
réel
Gaël aurait bien troqué son camel-bag pour une paire de mandibules ! |
![]() Montée vers le Col de la croix du Bonhomme. |
21h50 :
St Gervais : Après le calme de la montagne et le silence de la nuit, nous
entrons dans St Gervais noir de monde, dans un bruit assourdissant. Quelle ambiance !
« ça me rappelle le Macumba un samedi soir de 1970 ! » Hervé,
chapitre XII, verset 9. Cest de la folie ! Nous sommes émus ! ( un congrès de belettes se tenait le même jour !) Le maire en personne distribue les gobelets aux coureurs. Beaucoup de gens nous disent
« bonne nuit ! » , sans moquerie mais avec énormément de respect
et de compassion. On se sent un peu chouchoutés ! Cest lheure à
laquelle tout le monde va se coucher, cest pourquoi Hervé sexclame :
« une pipe, une tape sur les couilles et au lit !! »
. Ben, faudra
attendre un peu !!! Entre St Gervais et les
Contamines, Gaël senvole. |
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23h47 : Les Contamines : La première grosse
ascension de col se profile : la montée vers le col de la croix du bonhomme. La nuit dévoile le
« serpentin magique » : les lampes frontales ressemblent à des lucioles
qui forment un long cordon de points blancs. Elles semblent nous tracer le chemin vers la
totale liberté de pensée cosmique vers un nouvel âge reminiscent. A certains refuges, les gens
pris non pas par livresse de laltitude mais plutôt par celle du Génépi,
nous acclament avec force cris et bruits de sonnettes. « Bande de nazes, les
vaches ne portent pas de cloches mais des sonnettes : la cloche est coulée dans le
bronze alors que la sonnette est faite dune feuille de métal pliée. Bon dieu
, quy sont cons ! » Hervé, chapitre V, verset 23. La montée se fait bien, la
descente sera plus technique : le sol est très humide, voire boueux. Des cris perçants déchirent
la nuit : « Ah, p..... de b..... de m....., jme suis niqué la
cheville !! » Philippe et Serge doivent se rendre à lévidence :
ils ne savent pas descendre ! Une cheville en vrac pour
chacun
Heureusement, notre kiné de lextrême diagnostique à distance une
entorse bénigne du tarse optural droit avec librification de la longère extérieure
frubronale
« y vont pas commencer à me faire chier
! » se
dit-il en lui-même. |
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Samedi 25
Août : 04h37 : Les
Chapieux : Ravitaillement aux Chapieux puis ascension du col de Seigne. 2 tentes jaunes marquent la
fin de lascension, il fait froid : 3°C environ. Descente vers le refuge
Elisabeta : Cest la partie préférée dHervé ! Le jour se
lève sur un magnifique glacier. |
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08h07 :
Refuge Elisabeta : le spectacle est grandiose. Une vallée glacière apparaît
sous nos yeux. La végétation est rare et fait place à un paysage minéral somptueux. On longe le lac Combal dans
lequel se mélangent les eaux du glacier et celles de la Tourbière qui
lenserre : des irisations irréelles sétalent
au gré du vent. Nous faisons la photo
traditionnelle. Nous marchons sur une route
surélevée ce qui lui permet déviter dêtre inondée lors de la fonte des
glaces ou des orages. Nous bifurquons ensuite sur un
petit chemin de terre qui nous emmène vers larête du Mont Favre. |
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10h36 : Nous arrivons au col Checrouit pour continuer la descente vers Courmayeur. 11h39 : Nous
atteignons Courmayeur : Cest un moment important car il marque le chemin du
retour vers Chamonix. Notre 1er objectif était datteindre la mi-parcours en bon
état physique, ce qui est le cas. Michel et Mauricette nous
accueillent chaleureusement au ravitaillement : Michel remplit la carte mémoire de
son appareil photo avec nos tronches fatiguées. Heureusement quil na pas
lodorama car nous commençons à sentir le renard, le fennec ou encore le squonce. Récupération du drop-bag,
changement de fringues, un ravito rapide et hop, nous repartons
alors que beaucoup
de concurrents abandonnent ici. Mais les premiers doutes sur
le respect des barrières horaires naissent à ce moment : nous perdons toujours du
temps. La montée vers Bertone
est terrible : elle seffectue à la queue leu leu, dans la forêt et sous la
chaleur. La montée nen finit pas. |
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13h43 :
Refuge Bertone : Larrivée au refuge est un vrai soulagement. . Nous poursuivons notre retour
sur un chemin facile en balcon, presque toujours plat. Cest certainement trop facile
car le manque de sommeil se fait sentir, nous commençons à dormir debout. Nous décidons de nous
allonger quelques minutes : quel bonheur, le cerveau se déconnecte instantanément.
Cela fait 20 heures que nous ne nous étions pas octroyé un tel moment. La vue est somptueuse, le
soleil caresse nos corps endoloris, les vaches gazouillent et les oiseaux pètent. 10 minutes après, nous
reprenons notre route vers le refuge Bonatti. |
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16h15 :
Refuge Bonatti 17h25 : Arnuva : Gaêl
et Serge arrivent les premiers au refuge. La descente a été très difficile pour
Philippe : ses pieds le font souffrir. Un ongle a sauté quand iI a tapé sur une
pierre. Les ampoules monstrueuses apparaissent. Bref cest la grosse galère. Il
pense même devoir abandonner. Serge a une pensée
malsaine : on ne va jamais passer la barrière horaire, il faudra peut-être partir
sans attendre Philippe et Hervé. Heureusement, 15 minutes
après, ils arrivent à leur tour au ravitaillement. Ouf, on continue la route
ensemble. Du ravito on aperçoit le
sommet du Grand Col Ferret : cest pas bon pour le moral.
Lascension se fait au rythme, cest dur, très dur mais tout le monde tient et
souffre en silence. |
19h21 :
Grand col Ferret : A peine le temps de souffler, on redescend vers La Fouly. Au ravitaillement de La Peule,
nous sommes accueillis par un « Bienvenue en Suisse ! » avec
laccent en plus. La descente vers la Fouly nous
soulage car à ce moment, nous navons plus de soucis de barrière horaire. Sur le chemin Serge
sarrête pour se mettre de la NOK sur les fesses. Evidemment, Gaël , toujours très
discret à ces moments là sempresse de crier aux coureurs qui nous doublent :
« et ben, oui, il a le cul en feu !! » . Un coureur nous crie
alors : « et il nest pas le seul !! » Décidemment, on est tous dans
la même galère ! La nuit nous enveloppe pour la
seconde fois. « une pipe, une tape sur
les couilles et au lit ! »
non , Hervé, toujours pas ! |
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21h40 :
La Fouly : Record de distance battu pour Philippe et Serge : nous sommes à
107 km du départ (ancien record 102 km effectués à la Cromagnon 2006) Le manque de sommeil se fait
durement sentir. A la Praz, seul village mort de toute la course, nous nous octroyons une
seconde pause dodo
de 8 min ! La montée sur Champex est
pénible : interminable dans la forêt. Hervé augmente la cadence pour doubler un
groupe dune vingtaine de coureur qui pourrait nous retarder dans la récupération
des sacs. |
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Dimanche
26 Août : 01h19 : Champex :
Seconde base vie : il y a du monde, il fait chaud, Serge ne se sent pas bien du
tout.. Nous ressortons très rapidement. En plus de la fatigue, il
souffre de maux de ventre : et oui, Les Philanthropies de louvrier
charpentier ! Nous empruntons un chemin
forestier plat ou en descente légère. Tout ce quil faut pour sendormir à
nouveau. Hervé vient papoter avec Serge pour lempêcher de sombrer. Cela devient très dur. Deux vachettes égarées nous
suivent pendant quelques centaines de mètres. La montée vers Bovine
est terrible : Il faut monter sur des dalles, voire les escalader, enjamber des
ruisseaux, chercher son chemin entre les pierres, le tout à la lumière de la frontale. Serge se réveille en ouvrant
la route pour Hervé et Philippe. |
04h49 :
Bovine : Cest un vrai soulagement lorsque le chemin sadoucit peu à
peu pour redevenir quasiment plat ; Cest un fait un chemin double avec une
trace en haut et une en bas. Nous prenons juste un verre de
café ou un bol de soupe au ravito et nous redescendons vers Trient. La descente est technique et
pourrait être rapide si nous avions encore suffisamment de force
et
dongles ! Nous perdons beaucoup de temps
dans ces descentes. A La Forclaz :
Serge seffondre contre un abribus en attendant Philippe qui arrive peu après.
Hervé et Gaël attendent assis sur un banc tronc darbre, les yeux glauques (plus
que dhabitude !) |
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06h49 :
Trient : Nous rangeons définitivement les lampes frontales. Deux petites
Suissesses mignonettes nous accueillent ! Ouaahh ! ça réveille !! Nous entamons ensuite la
montée du col des Tseppes : Cest la dernière ascension de col de la course
mais quelle ascension. Cest un sentier forestier extrêmement raide qui
nen finit pas. De nombreux coureurs se
suivent
sans un mot. Tout le monde est dans sa souffrance, son désir den
finir avec cette folie, son envie de dire stop, de sarrêter en pleine montagne et
de dormir
. Enfin. Quand on pense que le sommet
est proche, il faut senquiller encore un raidillon
et ça dure 5 km ! La descente vers Vallorcines
est un immense soulagement : larrivée est pour bientôt, la barrière horaire
est loin derrière nous
rien ne peut nous empêcher darriver ! On reçoit de nombreux coups
de téléphone. La descente est très
difficile pour Philippe qui souffre de pieds et des genoux. |
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10h47 :
Vallorcines : Mauricette et Michel nous y attendent. Arrêt minute. 12h22 :
Argentières : Le chemin est long et ennuyeux. Nous avons hâte darriver. Au ravitaillement, nous
retrouvons nos fans les plus assidus : Michel et Mauricette !!! Avant Chamonix, nous rangeons
les bâtons dans les sacs, nous tentons de courir pour voir ce que ça donne. Nous nous préparons à un
moment de bonheur intense !! « La magie va t-elle opérer ? » se
demande Philippe. Les gens que nous croisons
nous encouragent, certains disent nous admirer,
il y a énormément de gentillesse
dans les regards. |
15h00 :
CHAMONIX Il y a beaucoup de monde
derrière les barrières. Nous entrons tous les quatre
dans la rue principale, il ny a pas dautres coureurs, cest certains, les
cris, les applaudissements sont pour nous et nous seuls. Nous nous prenons les mains : nous navons plus
mal nulle part, nous courons comme au moment du départ L émotions nous
pousse au bord des larmes La ligne est passée, Philippe
est interviewé par le speaker. On passe prendre notre
récompense : un sweat sans manche sur lequel est marqué FINISHER ! |
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Nous nous asseyons au bord du bac à fleurs sur des banc.
Serge sallonge et sendort, les autres boivent une bière. Hervé discute avec
un Italien. Un traileur se baigne dans la
fontaine en face ! Il faut se résoudre à
rentrer au gîte. Le retour à la voiture se
fait clopin-clopant ! |
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Quelques vidéos de la course : | Vidéo 1 | ||
Lien vers le site officiel de l'UTMB | Vidéo 2 | ||
Vidéo 3 | |||
Vidéo 4 |